European Respiratory Journal

LungSEARCH : un essai randomisé de dépistage séquentiel.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
octobre 2019

Dépistage

Pour comprendre cet essai, il faut savoir qu’il a été conçu il y a plus de 12 ans et initié en 2007, bien avant la publication des résultats des grandes études randomisées de dépistage, et notamment de ceux de l’étude NLST. 

C’est un essai national, multicentrique et randomisé mené en Angleterre de 2007 à 2011 dont l’objectif est de répondre à la question suivante : la surveillance annuelle de fumeurs un anciens fumeurs à haut risque de cancer et atteints de BPCO est-elle susceptible de modifier la répartition par stade au diagnostic des cancers du poumon dont ils sont atteints ? 

Les patients ont été identifiés par des généralistes et contactés par une infirmière de recherche clinique chargée de vérifier les critères d’inclusion qui passaient par la recherche de ces candidats au dépistage dans le registre des BPCO. 

Des explorations fonctionnelles respiratoires permettaient alors de classer ces patients selon les critères de Gold. Ils étaient incluables :

-       S’ils avaient une BPCO légère (VEMS/CV<70% et VEMS ≥80%) ou modérée  (VEMS/CV<70% et VEMS de 50 à 80%)    

-       Et s’ils avaient un tabagisme actif ou ancien mais interrompu il y a moins de 8 ans et un tabagisme cumulé d’au moins 20PA et/ou ayant duré au moins 20 ans. 

S’ils avaient ces critères, ils étaient randomisés sur un mode 1/1 entre :

-       Un bras standard sans examen … Hormis une radiographie thoracique « de sortie » gratuite 5 ans après l’entrée dans l’étude,

-       Un bras expérimental avec :

o   Un examen cytologique et une cytométrie des expectorations,

o   Et lorsque des anomalies étaient constatées dans les expectorations un scanner et une endoscopie en autofluorescence.

L'objectif principal était le pourcentage de cancers bronchiques non à petites cellules de stade I et II ou de cancers bronchiques à petites cellules localisés. 

Résultats

Au total 1568 participants ont été recrutés par 10 centres anglais dans cette période de 2007 à 2011.  Les caractéristiques des patients des deux groupes étaient parfaitement  bien réparties :  il y avait pratiquement autant de femmes que d’hommes, ils étaient en majorité fumeurs actifs, et leur âge moyen était de 63 ans. Le nombre de cigarettes fumées quotidiennement et le nombre de paquets année était de 24 et 45 dans les deux groupes. 

Un tiers (33,2%) des participants du bras expérimental avait un examen des expectorations anormal :  20,6 % avaient uniquement une anomalie de la cytologie, 10,7 % de la cytométrie et 1,9% des deux. Il y avait significativement plus de cancer de stades précoces parmi les patients qui avaient des anomalies cytologique que parmi les patients du bras standard (82 vs 38%, p=0,01). 

Finalement, 36 cancers ont été diagnostiqués dans le bras contrôle et 42 dans le bras expérimental. Parmi ceux-ci il y avait :

-       59 cancers bronchiques non à petites cellules dont :

o   13/27 stades I et II dans le bras contrôle 

o   et 19/32 stades I et II dans le bras expérimental.

-       Et 15 cancers bronchiques à petites cellules dont :

o   1/5 stades localisés dans le bras contrôle

o   Et 4/10 dans le bras expérimental. 

Cette différence n’était pas significative (p=0,24) et le risqué relatif de stade localisé était de 1,21 (95%CI 0,75-1,95). 

Cette étude est donc négative et la stratégie explorée qui s’appuie sur un abord initial par examen cytologique des expectorations des fumeurs à haut risque n’est donc pas validé, d’autant que le taux de faux positifs de cet examen est de 32%. Cette étude une fois encore illustre combien en matière de dépistage il est difficile de tirer des informations utiles à partir d’études qui portent sur des effectifs peu importants. 

Reference

Sequential screening for lung cancer in a high-risk group: randomised controlledtrial.

Spiro SG, Shah PL, Rintoul RC, George J, Janes S, Callister M, Novelli M, Shaw P, Kocjan G, Griffiths C, Falzon M, Booton R, Magee N, Peake M, Dhillon P, Sridharan K, Nicholson AG, Padley S, Taylor MN, Ahmed A, Allen J, Ngai Y, Chinyanganya N, Ashford-Turner V, Lewis S, Oukrif D, Rabbitts P, Counsell N, Hackshaw A.

Eur Respir J. 2019. [Epub ahead of print]

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