Journal of the American Medical Association

Mise en place d’un programme hospitalier de dépistage aux USA

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
mars 2017

Imagerie : Radiologie, Dépistage

Nous avons déjà commenté sur ce site il y a quelques mois les premiers résultats de l’expérience menée par l’équipe d’un hôpital dépendant du département des Anciens combattants des États-Unis (Veterans Health Administration) sur le dépistage  du cancer broncho-pulmonaire (cliquer ici). Voici une autre étude qui est beaucoup plus importante puisqu’elle émane de 8 centres académiques dépendant de cette même administration. Son but est de décrire les procédures de mise en place du dépistage selon les recommandations de 2013 de l’USPSTF et les premiers résultats et leurs conséquences pour les patients et le personnel.  

Chaque centre a désigné des médecins « leaders » pour ce programme (6 pneumologues, 1 oncologue médical et un radiologue) et a recruté un coordinateur à plein temps. Ces coordinateurs jouaient un rôle essentiel puisqu’ils étaient chargés de vérifier les critères d’inclusion, d’éduquer les patients à propos du dépistage, d’organiser les rendez-vous de scanner, de donner les résultats aux patients et d’organiser le suivi en liaison avec les « leaders ». Le rôle que jouait ce coordinateur a été essentiel puisque les médecins ont considéré a posteriori que la plupart des personnes sélectionnées avaient bien les critères d’éligibilité au dépistage.

La première chose qui frappe à la lecture de cet article est le très grand nombre de personnes dont il faut examiner les dossiers pour trouver ceux qui ont les critères du dépistage. En effet partir de plus de 93 000 patients susceptibles d’être dépistés, 18 083 avaient le tabagisme exigé pour l’étude et 4246 avaient les critères complets dont 2453 ont accepté le dépistage qui n’a été réalisé que chez 2106 personnes. 

On retrouve ensuite les données bien connu concernant le grand nombre de « positifs »  qui est ici particulièrement élevé puisque 1257 (59,7%) de ses 2106 personnes avaient un ou des nodules qui nécessitaient pour 1184 de ces patients un suivi. On notera toutefois que plus de 80 % de ces nodules étaient solides (il n’y avait que 6,7% de nodules en verre dépoli) et que plus de 50% mesuraient moins de 5 mm.

Un total de 73 patients (3,5%) avaient une suspicion de cancer et finalement 31 (1,5%) avaient un cancer, dont 20 étaient un cancer de stade I.

Par ailleurs, des lésions incidentes non cancéreuses ont été trouvées chez plus de 40 % des personnes (emphysème, autres anomalies pulmonaires ou calcification coronaire).

Cette étude fournit un certain nombre de données intéressantes.  Elle montre bien que le nombre de personnes qui sont réellement candidats au dépistage est, si l’on respecte les recommandations, très largement inférieur au nombre de fumeurs et d’anciens fumeurs de cette tranche d’âge. On voit aussi combien la valeur seuil des nodules est importante et combien son élévation, même minime serait susceptible de réduire le nombre de « positifs » (cliquer ici) . 

 

Reference

Implementation of Lung Cancer Screening in the Veterans Health Administration.

Kinsinger LS, Anderson C, Kim J, Larson M, Chan SH, King HA, Rice KL, Slatore CG, Tanner NT, Pittman K, Monte RJ, McNeil RB, Grubber JM, Kelley MJ, Provenzale D, Datta SK, Sperber NS, Barnes LK, Abbott DH, Sims KJ, Whitley RL, Wu RR, Jackson GL.

JAMA Intern Med. 2017 [Epub ahead of print]

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer