European Journal of Cancer

Nazartinib en première ligne : une étude ouverte de phase II

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
octobre 2022

Thérapeutique ciblée, EGFR

Nous venons de commenter très  récemment les résultats de 3 études de phase II menées avec de nouveaux inhibiteurs de la tyrosine kinase de troisième génération,  le befotertinib, le limertinib et le SH 1028  chez les patients présentant des mutations EGFR T790M (cliquer ici). Voici maintenant les résultats d’une étude de phase II à promotion industrielle menée avec le nazartinib, un autre nouvel inhibiteur de la tyrosine kinase de l’EGFR de troisième génération, dont nous avons déjà parlé sur ce site en avril 2020 en commentant les résultats d’une étude de phase I-II (cliquer ici).  

Les résultats présentés dans cet article viennent compléter ces premiers résultats en se consacrant uniquement aux résultats des traitement des patients non antérieurement traités qui avaient été inclus dans cette étude.

Ces patients âgés d’au moins 18 ans avec un PS ≤1 devaient avoir un cancer bronchique non à petites cellules de stades IIIB ou IV non antérieurement traités. Ils devaient avoir une mutation usuelle de l’EGFR ou une autre mutation considérée comme sensible aux inhibiteurs de la tyrosine kinase de première ou deuxième génération. Ils pouvaient avoir des métastases cérébrales à condition qu’elles soient stables et contrôlées.  Ils ont été enrôlés dans 12 centres asiatiques, américains et européens. Le nazartinib était administré à la dose quotidienne de 150 mg. L'objectif principal était le taux de réponse apprécié par un comité indépendant. Les objectifs secondaires étaient la toxicité et la tolérance, le taux de réponse des investigateurs, la durée de réponse du comité indépendant et des investigateurs, le temps jusqu’à réponse, la survie sans progression et la survie globale.  

Résultats 

Quarante-cinq patients ont été inclus en 30 mois. Leur âge médian était de 64 ans, il y avait 60 % de femmes, 62 % d’asiatiques, 42 % avaient un PS à 0 et 58% à 1. Les non-fumeurs étaient les plus représentés (67 %) et  42 % avaient des métastases cérébrales. Presque tous les patients n’avaient que des mutations usuelles et seulement un une mutation T790M. 

Pour l’ensemble des malades, le taux de réponse établi par le comité indépendant était de 69 % et le taux de contrôle de la maladie de 91 %. La durée médiane de réponse était de 25 mois. La durée médiane de survie sans progression était de 18 mois et la durée médiane de survie n’était pas atteinte. Les taux de survie globale à 1 an, 2 ans et 33 mois étaient respectivement de 90 %, 65 %, et 56%. Chez les malades présentant des métastases cérébrales, le taux de réponse était de 67 % et le taux de contrôle de 100 %. La durée de réponse médiane était de 15 mois et la PFS médiane était de 17 mois.

Alors que la durée médiane d’exposition au nazartinib était de 24 mois, 29 patients (64%) ont eu un effet adverse, quelle qu’en soit la cause, de grade 3 ou 4 (rash (n=5), diarrhée, fièvre, dermatite acnéiforme etc). Deux effets adverses sévères rapportés au traitement ont été rapportés, il s’agissait de la réactivation d’une hépatite B et d’une pneumopathie de grade 2).   Trois malades ont dû interrompre le traitement du fait d’un rash. Enfin il n’a pas été démontré d’allongement de l’espace QT corrigé (QTcF). 

Cette étude de phase II montre donc des résultats qui semblent particulièrement intéressants chez les malades atteints de métastases cérébrales. 

Reference

Nazartinib for treatment-naive EGFR-mutant non-small cell lung cancer: Results of a phase 2, single-arm, open-label study. 

Tan DSW, Kim SW, Ponce Aix S, Sequist LV, Smit EF, Yang JCH, Hida T, Toyozawa R, Felip E, Wolf J, Grohé C, Leighl NB, Riely G, Cui X, Zou M, Ghebremariam S, O'Sullivan-Djentuh L, Belli R, Giovannini M, Kim DW. 

Eur J Cancer 2022; 172 : 276-286

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
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