Lancet oncology

Peut-on mieux sélectionner les candidats au dépistage ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
octobre 2017

Dépistage

Il est maintenant de mieux en mieux démontré que l’amélioration des critères de sélection qui ont été utilisés dans l’étude NLST et repris dans la plupart des recommandations, permet de mieux sélectionner les sujets qui tirent bénéfice du dépistage et donc d’améliorer le rapport entre le bénéfice (diminution de la mortalité) et les inconvénients (coût, irradiation) du dépistage.

C’est dans cet axe de recherche que se situe l’étude canadienne PanCanStudy qui a été initiée en 2007 pour évaluer l’efficacité d’un modèle, le PanCan Model lui-même issu du modèle PLCOm2012 (cliquer ici).

Il s’agit d’une étude prospective non randomisée dans laquelle des fumeurs et anciens fumeurs âgés de 50 à 75 ans, sans antécédent personnel de cancer broncho-pulmonaire ont été recrutés par 8 centres canadiens.

Pour être inclus, ils devaient avoir un risque de cancer broncho-pulmonaire à 3 ans établi par le PanCan Model d’au moins 2%.

Les variables prédictive prises en compte dans ce modèle étaient l’âge, le niveau scolaire atteint, les antécédents familiaux de cancer du poumon, le BMI,  l’existence d’une radiographie pulmonaire dans les trois dernières années, les antécédents de BPCO (définie par un critère fonctionnel), la durée du tabagisme et le nombre de paquets année.

Les personnes dépistées ont eu un scanner faiblement dosé à T0, T1 (un an) et T4 (4 ans). Ils avaient en même temps une fibroscopie de fluorescence pour la moitié d’entre eux. Tous avaient également une spirométrie, une recherche de biomarqueurs et une confirmation par dosage urinaire de cotinine de leur tabagisme.

De septembre 2008 à décembre 2010, 2537 personnes ont été recrutées sur 7059 questionnaires. Il s’agissait de grands fumeurs ou d’anciens grands fumeurs puisque leur tabagisme moyen était de l’ordre de 35 cigarettes/jour pendant une durée médiane d’environ 45 ans avec un nombre de PA supérieur à 50.

Avec un temps médian de suivi de 5,5 ans, 164 personnes ont eu un diagnostic de cancer ce qui correspond à une incidence cumulée de 0,065 et à un taux d’incidence de 138,1pour 10 000 personnes-années. Cette incidence cumulée était significativement supérieure à celle du NLST (6,5% vs 4%, p<0,0001).

Les participants sans nodule (nodule non calcifié et non péri-scissural d’au moins 1 mm de diamètre en fenêtre parenchymateuse)  au scanner initial avaient un risque de cancer significativement inférieur à celui des patients qui en avaient.

Au total, 172 cancers broncho-pulmonaires ont été trouvés chez ces 164 personnes et 137 résections chirurgicales ont été réalisées : 121 (88%) ont permis d’affirmer un diagnostic de cancer de stade précoce, et 16 de lésions bénignes. La plupart de ces 172 cancers (137, 80%) ont été identifiés à T0, 8 (5%) à T1 et 17 (10%) à T4.  Les 10 restant étaient des cancers de l’intervalle, c'est à dire des cancers découverts par leurs symptômes dans l’année qui suivait un dépistage négatif.

La proportion de cancers bronchiques non à petites cellules de stade I ou II  était dans cette étude significativement plus élevée que dans l’étude NLST (77 vs 57%).

Ces résultats qui montrent l'impact important de l'intensité du tabagisme et des résultats du premier scanner vont dans le même sens  que ceux d’autres études, notamment l’UKLS (cliquer ici) et les premiers résultats de l’étude NELSON (cliquer ici). Ils montrent bien qu’en s’intéressant à des personnes à risque encore plus élevé on diagnostique davantage de cancers broncho-pulmonaires et aussi davantage de cancers de stades précoces. Ceci à des implications pratiques majeures.

 

Reference

Participant selection for lung cancer screening by risk modelling (the Pan-Canadian Early Detection of Lung Cancer [PanCan] study): a single-arm, prospective study.

Tammemagi MC, Schmidt H, Martel S, McWilliams A, Goffin JR, Johnston MR, Nicholas G, Tremblay A, Bhatia R, Liu G, Soghrati K, Yasufuku K, Hwang DM, Laberge F, Gingras M, Pasian S, Couture C, Mayo JR, Nasute Fauerbach PV, Atkar-Khattra S, Peacock SJ, Cressman S, Ionescu D, English JC, Finley RJ, Yee J, Puksa S, Stewart L, Tsai S, Haider E, Boylan C, Cutz JC, Manos D, Xu Z, Goss GD, Seely JM, Amjadi K, Sekhon HS, Burrowes P, MacEachern P, Urbanski S, Sin DD, Tan WC, Leighl NB, Shepherd FA, Evans WK, Tsao MS, Lam S; PanCan Study Team.

Lancet Oncol. 2017 Oct 16 [Epub ahead of print]

93 lectures

Coup de ♥ du mois

Risque de cancer du poumon chez les mineurs exposés à de faible taux de radon

novembre 2015

Si les données concernant les expositions à de fortes concentrations de radon sont bien connues,...

Lire la suite
Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer