Thorax

Pour quelles raisons participe-t-on ou non à un programme de dépistage du cancer broncho-pulmonaire ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
mai 2012

Dépistage, Diagnostic précoce

Souvent les personnes sollicitées pour un programme de dépistage du cancer broncho-pulmonaire refusent de participer parce qu’elles sous-estiment le risque du tabac et s’estiment être à l’abri d’une maladie qui ne les concerne pas.

Lung-SEARCH est une étude prospective qui évalue la place de la cytologie puis si elle est positive du scanner et de l’endoscopie de fluorescence pour le dépistage du cancer broncho-pulmonaire. Dans cet article les auteurs se sont interrogés sur les causes de non participation à cette étude en posant lors d’entretiens les questions suivantes :

  • est ce que le schéma de cette étude est acceptable ?
  • pour quelles raisons les personnes contactées acceptent ou refusent de participer ?

Trois groupes de personnes ont été interrogées :

  • Dans un premier groupe 16 personnes qui ont accepté un examen cytologique annuel des expectorations,
  • Dans un deuxième groupe 20 personnes qui ont accepté une broncho-fibroscopie et un scanner annuels,
  • Dans un troisième 24 personnes qui ont refusé de participer à l’essai.

La méthode de dépistage était jugée comme acceptable par la majorité des répondeurs à l’enquête à l’exception de la broncho-fibroscopie jugée inacceptable par 75% de ceux qui ont refusé de participer.

Les motivations pour accepter incluent :

  • la possibilité d’un diagnostic précoce chez toutes les personnes interrogées,
  • le fait d’être rassuré par un diagnostic négatif,
  • l’altruisme retrouvé surtout chez les sujets les plus âgés,
  • le fait de connaître quelqu’un qui a un cancer broncho-pulmonaire et notamment qui en est décédé,
  • et la perception du risque  qui comme on pouvait s’y attendre est consciente chez les 3/4 de ceux qui prennent part mais est niée chez ceux qui refusent (pas de signes cliniques, pas de cancers dans la famille, etc).

Les barrières pour participer incluent :

  • l’éloignement des centres de scanner et de broncho-fibroscopie,
  • un jugement négatif sur l’hôpital et les médecins,
  • la perception de la broncho-fibroscopie

Finalement les 4 principales raisons pour décliner la participation étaient :

  • «je suis trop vieux pour être dérangé ou pour en tirer bénéfice»,
  • «j’ai peur que ma participation augmente mon anxiété»,
  • «si je dois avoir un cancer, le dépistage n’y changera rien»,
  • «si j’ai un cancer, je préfère ne pas le savoir».

 

Cette étude est très intéressante mais elle n’est pas applicable en totalité  aux programmes de dépistage par le seul scanner low dose, selon les résultats du NLST, à la fois parce que l’examen initial est un examen d’expectorations et surtout parce que la broncho-fibroscopie fait partie du programme.

Elle montre bien combien la représentation du cancer broncho-pulmonaire dans le public doit être modifiée pour un accès plus rapide au traitement des formes précoces.

Reference

Attitudes to participation in a lung cancer screening trial: a qualitative study.

Patel D, Akporobaro A, Chinyanganya N, Hackshaw A, Seale C, Spiro SG, Griffiths C; on behalf of the Lung-SEARCH Investigators.

Thorax. 2012 ; 67 : 418-425. 

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