European Journal of Cancer

Prise en charge des métastases cérébrales eu Europe : une enquête de l’EORTC

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
avril 2018

Imagerie : Radiologie, Métastases cérébro-ménagées

Quelles sont les pratiques de prise en charge des métastases cérébrales des cancers bronchiques non à petites cellules en Europe ? Cette étude, réalisée en 2017 par des investigateurs de l’EORTC, a pour but de répondre à cette question à partir d’une enquête comprenant 27 questions adressée à tous les membres du groupe poumon et du groupe radiothérapie de l’EORTC ainsi qu’à un certain nombre de membres de sociétés académiques de pneumologie, d’oncologie médicale, d’oncologie- radiothérapie et de neurologie. 

Au total, 485 réponses ont été collectées en Europe venant de 394 institutions (principalement Italie, Hollande, Angleterre et France). Ce sont surtout les  d’oncologues-radiothérapeutes qui représentaient plus de la moitié des réponses qui ont rempli ce questionnaire. Ils étaient suivis par les pneumologues pour plus d’1/4 puis par les oncologues médicaux. 

La plupart des participants avaient plus de 5 ans d’expérience. Ils venaient d’établissements  différents : hôpitaux universitaires (43%), hôpitaux généraux (29%), centres spécialisés dans le cancer (20%) ou privés 7%). 

En ce qui concerne la décision initiale, la grande majorité (85%) déclarent rechercher des métastases cérébrales chez les malades asymptomatique et 52% utilisent l’IRM pour cette recherche (davantage dans les centres hospitaliers généraux et les établissements privés que dans les CHU ou centres spécialisés dans le cancer). Parmi ceux-ci :

-       27 % explorent tous les patients,

-       63% explorent les patients atteints de cancers stades III,

-       51% explorent les patients qui ont un driver oncogénique, 

-       43% explorent les patients qui ont un stade IV 

-       Et seulement 39% explorent les patients qui ont un cancer de stade I ou II. 

Pour guider le traitement un tiers des médecins disent utiliser une classification pronostique, et c’est plus souvent le cas des radiothérapeutes. 

Une grande majorité (90%) des médecins ont accès à la radiothérapie stéréotaxique  (dont une centaine adressent leurs malades dans un autre centre). La chirurgie n’est en général envisagée que lorsqu’il n’y a qu’une seule métastase. Lorsqu’elle a lieu certains administrent systématiquement une radiothérapie stéréotaxique  ou une radiothérapie pan-encéphalique et d’autres réservent ces traitement aux patients qui ont subi une résection incomplète. Vingt centres ne font jamais de radiothérapie post-opératoire. 

La plupart des médecins considèrent que le nombre limite de métastases cérébrales pour administrer une radiothérapie stéréotaxique est de 3 et les malades dont la tumeur présente une mutation activatrice ont plus de chances de recevoir une radiothérapie stéréotaxique en cas de métastases cérébrales. Pour la plupart, la décision tient compte du volume tumoral. 

En ce qui concerne les traitements systémiques, les radiothérapeutes arrêtent le traitement par inhibiteur de la tyrosine kinase ou immunothérapie pendant la radiothérapie plus souvent que les oncologues ou pneumologues (51 vs 37%). Ceux qui interrompent le traitement le font en général 3 jours avant et 3 jours après la radiothérapie. 

A la lecture de cette enquête on est frappé par les importants écarts de pratique qu’on peut observer en Europe tant en qui concerne le diagnostic que la pris en charge des métastases cérébrales. Ces différences sont d’autant plus importantes qu’elles sont basées sur ce que ces médecins pensent faire ce qui probablement différent de ce qu’ils font habituellement et il est probable que ceux qui n’ont pas répondu à cette enquête ont des pratiques encore plus hétérogènes. Les membres de l’EORTC qui sont les auteurs de cet article pensent qu’il est nécessaire de tenter de mieux former les médecins qui prennent en charge les patients atteints de cancer broncho-pulmonaire. On ne peut qu’adhérer à cette recommandation. 

Reference

Diversity of brain metastases screening and management in non-small cell lung cancer in Europe: Results of the European Organisation for Research and Treatment of Cancer LungCancer Group survey.

Levy A, Faivre-Finn C, Hasan B, De Maio E, Berghoff AS, Girard N, Greillier L, Lantuéjoul S, O'Brien M, Reck M, Dingemans AC, Novello S, Berghmans T, Besse B, Hendriks L; Young Investigators EORTC Lung Cancer Group (YI EORTC LCG).

Eur J Cancer2018; 93 : 37-46.

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer