Thorax

Quel est l’effet d’un intervalle supérieur à 2 ans entre deux scanners de dépistage ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
février 2017

Imagerie : Radiologie, Dépistage

La pratique d’un scanner bisannuel n’est pas recommandée actuellement sauf par les guidelines du Cancer Care Ontario qui suggèrent qu’après les 3 premiers scanners, ces derniers ne soient réalisé que tous les deux ans.  Cette absence de recommandations en faveur d’un dépistage bisannuel est liée au fait que les données de la littérature restent fragiles (cliquer ici) .

Nous avons il y a plus de 2 ans commenté  un article qui s’intéressait aux cancers de l’intervalle dans l’étude NELSON (cliquer ici).  Dans cette étude randomisée les sujets inclus dans le bras scanner ont un deuxième scanner un an après le premier, un troisième deux ans après le deuxième et un quatrième 2 ans 1/2 après le troisième. Dans cette étude, le nombre de cancers de l’intervalle était élevé durant la deuxième année qui suivait le deuxième scanner mais ne l’était pas durant la deuxième année qui suivait le troisième scanner. Voici une nouvelle publication qui ajoute les résultats des 6 derniers mois de l’intervalle séparant le troisième et le quatrième round.

On voit sur le tableau ci-dessous que le nombre de cancers détectés et le nombre de cancers de stades précoces diminuait nettement lors du  quatrième round. La différence entre le nombre de cancers de cancers de stade I dépistés au quatrième round et celui de cancers de cancers de stade I dépistés au deuxième est significative.

Par ailleurs, pendant la période de 2 ans 1/2, alors qu’il y avait 7 et 5 cancers de l’intervalle durant la première et deuxième année, il y en avait 16 durant les 6 derniers mois.

 

Rounds

1

1 an

2

2 ans

3

2,5 ans

4

Nombre de cancers détectés

74

 

58

 

77

 

46

Stade Ia (%)

59,5

 

74,1

 

64,9

 

47,8

Stade I (%)

64,9

 

75,9

 

76,6

 

60,9

Stades I+II (%)

74,3

 

82,8

 

76,6

 

67,4

ADK (%)

47,3

 

60,3

 

48,1

 

50

Cancers de l’intervalle (n)

 

 

5

 

An 1: 7

 

An 1: 7

 

An 2 : 12

An 2 : 5

Total : 19

An 2,5 : 16

Total : 28

Comparés aux cancers dépistés lors du quatrième round, les cancers de l’intervalle entre le troisième et le quatrième round étaient plus souvent des cancers de stade IIIB ou IV et plus souvent des cancers bronchiques à petites cellules, des cancers à grandes cellules ou neuroendocrines et par conséquent moins significativement souvent des adénocarcinomes (32,1 vs 50 %) ou des cancers  bronchioloalvéolaire  (0% vs 8,7%).

Cette étude montre donc que si un intervalle de 2 ans entre 2 scanners semble ne pas réduire le nombre de cancers de stade précoce et ne pas augmenter significativement le nombre de cancers de l’intervalle, un intervalle supérieur à 2 ans augmente le nombre de cancers de l’intervalle et diminue le nombre de cancers de stade précoce dépistés : deux ans semble donc pour l’instant la limite à ne pas franchir.  

 

Reference

Final screening round of the NELSON lung cancer screening trial: the effect of a 2.5-year screening interval.

Yousaf-Khan U, van der Aalst C, de Jong PA, Heuvelmans M, Scholten E, Lammers JW, van Ooijen P, Nackaerts K, Weenink C, Groen H, Vliegenthart R, Ten Haaf K, Oudkerk M, de Koning H.

Thorax 2017; 72: 48-56

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