European Respiratory Journal

Quelle proportion de malades atteints de cancer dans 4 centres anglais auraient été éligibles au dépistage ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
mai 2019

Dépistage

Alors que la réduction des mortalités spécifique et générale du cancer broncho-pulmonaire a été démontrée dans l’étude NLST, conduisant à la mise en place de ce dépistage aux USA selon les recommandations de l’USPSTF, la plupart des pays européens ont choisi d’attendre le résultats de l’étude NELSON qui ont été présentés oralement à l’automne 2018. On sait par ailleurs qu’une fraction seulement des patients américains atteints de cancer broncho-pulmonaire seraient incluables dans un programme de dépistage avec les critères de l’USPSTF qui en dehors de l’âge ont repris les critères d’inclusion du NLST (dépistage annuel chez les adultes de 55 à 80 ans qui ont fumé au moins 30 PA, qui sont encore fumeurs ou qui, s’ils ont arrêté, l’on fait depuis moins de 15 ans). 

Dans le but de rendre le dépistage plus performant, plusieurs modèles de risque ont été conçus et évalués, dont les deux les plus importants sont :

  • le Liverpool Lung Project model (LLP) qui dans sa version LLPv2 prend en compte particulièrement la durée du tabagisme, les antécédents pulmonaires (BPCO, emphysème, pneumonie, tuberculose), l’exposition à l’amiante et les antécédents personnels et familiaux de cancer (cliquer ici).
  • Et le modèle PLCOM2012 qui prend en compte l’âge, le niveau d’éducation, le BMI, les antécédents familiaux de cancer broncho-pulmonaire, des antécédents de BPCO, le fait d’avoir eu une radiographie dans les 3 ans précédents, le statut tabagique (ancien fumeur vs fumeur), le nombre de cigarettes fumées en PA, la durée du tabagisme, le temps depuis le quel il avait été interrompu chez les anciens fumeurs (cliquer ici)

Le but de cet article est de rapporter les résultats d’une étude prospective menée dans 4 centres anglais chez 331 de 466 patients recrutés pendant l’année 2016 pour savoir si, 2 ans plus tôt,  ils auraient été éligibles au dépistage selon les critères de l’USPSTF et selon les modèles de risque LLPv2 et PLCOM2012. 

L'âge médian de cette population de malades était de 69 ans, 46,5% étaient des femmes, 52% étaient fumeurs, 41,7% étaient anciens fumeurs et 6,3% non-fumeurs. Le tabagisme médian des fumeurs et anciens fumeurs était de 36 PA, près du quart étaient exposés à l’amiante et respectivement 16 et 17% avaient des antécédents personnels et familiaux de cancer. 

En adoptant les critères de l’USPSTF, 152 patients (45,9%) auraient été éligibles au dépistage. Parmi les non éligibles, 10,9 et 12,4% l’étaient respectivement pour un âge inférieur ou supérieur et 6,7% parce qu’ils étaient non-fumeurs. 

En prenant les deux modèles sus décrits,

- avec la version LLPv2 du Liverpool Lung Project model , 34,1% des 55-75 ans et 45,9% des 55-80 ans auraient été éligible

- et avec le modèle PLCOM2012 44,1% des 55-75 ans et 58,6% des 55-80 ans auraient été éligibles.

L’originalité de cette étude est qu’elle permet une projection des modèles de risque pour la calcul de la fraction des patients qui, atteints de cancer du poumon,  auraient été deux ans plus tôt éligibles au dépistage. Ces résultats sont certainement discutables à la fois du fait que cette étude porte sur une population peu nombreuse mais aussi du fait que, si le recueil des patients est prospectif, la méthode d’analyse en est rétrospective puisqu’on imagine les caractéristiques des patients 2 ans plus tôt … Quoiqu’il en soit, le message est probablement vrai : moins de 50% des 55-75 ans seraient éligibles au dépistage. Il faut le savoir, mais est-ce si grave, si grâce aux modèles notamment, les performances du dépistage dans cette population ciblée sont améliorées. Et puis, la question à laquelle il faudra répondre est celle de l’âge minimum : prendre  50 ans comme dans l’étude NELSON est peut-être plus pertinent et permettrait, en tout cas, d’augmenter de plus de 10% le nombre des candidats au dépistage. 

Reference

The proportion of lung cancer patients attending UK lung cancer clinics who would have been eligible for low-dose CT screening.

Gracie K, Kennedy MPT, Esterbrook G, Smith G, Blaxill P, Ameri AT, Rodger KIA, Robson JM, Paramasivam E, Naseer R, Smith P, Ellames DAB, Hawramy B, Callister MEJ.

Eur Respir J2019 May 16. [Epub ahead of print] 

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
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