Cancer

Quelles sont les connaissances et quel est le comportement des médecins généralistes américains concernant le dépistage du cancer broncho-pulmonaire ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
juillet 2016

Dépistage

On peut penser que le dépistage scanographique va rentrer maintenant dans la pratique aux USA, depuis que la décision de Medicare a été de le rembourser. Cette décision vient seulement 5 ans après la publication de l’essai NLST (cliquer ici), et plus de 2 ans après les recommandations de la  célèbre US Preventive Services Task Force (USPSTF) et celles de nombreuses sociétés savantes américaines. Mais ces recommandations sont-elles parvenues jusqu’aux médecins de familles américains ?    

C’est la question que pose cette enquête menée en Caroline du Sud.

Au total  220 médecins ont été interrogés, soit par un questionnaire électronique, soit par un questionnaire papier et 101 ont répondu.

La plupart de ces médecins étaient des hommes, ils avaient un âge supérieur à 40 ans dans 86 % des cas et avaient terminé leurs études il y a plus de 10 ans dans 85 % des cas. La moitié d’entre eux travaillaient en cabinet de groupe et le quart en milieu hospitalier/universitaire.

Connaissance des médecins

  • Environ 40 % des médecins n’étaient pas certains d’avoir accès au dépistage scanographique.
  • Un tiers seulement des médecins pensaient que le dépistage devait être réalisé tous les ans (conformément aux recommandations), un autre tiers tous les deux ans, le dernier tiers tous les trois ans.
  • Plus de 60 % des médecins n’étaient pas certains du remboursement par Medicare.
  • La plupart des médecins méconnaissaient les recommandations.
  • Devant quatre situations cliniques qui leur était soumises, les médecins ne savaient pas bien s’il fallait ou non proposer un dépistage et proposaient dans un nombre de cas non négligeable une radiographie.
  • Enfin beaucoup de médecins n’étaient pas familiers avec les risques et les bénéfices du dépistage scanographique.
  • Si presque tous les médecins pensent que le dépistage par scanner augmente les taux de détection de stades précoces, seulement 41% croient qu’il réduit la mortalité par cancer broncho-pulmonaire (mortalité spécifique).

Comportement des médecins

  • Seulement la moitié des médecins disent qu’ils discutent le rapport bénéfice risque avec leur patient et qu’ils s’en remettent ensuite à la décision de celui-ci. Si le patient refuse, les deux tiers des médecins s’en tiennent à cette décision et ne proposent pas ultérieurement de nouveau dépistage.
  • Approximativement la moitié  des médecins déclarent avoir proposé un scanner de dépistage au moins une fois  lors de la dernière année. Parmi ceux ci, 60% l’ont proposé à au moins 5 personnes.

Aux Etats Unis,  un délai de 5 ans a été nécessaire pour qu’il soit possible de proposer et de rembourser  le dépistage du cancer broncho-pulmonaire aux fumeurs à haut risque. On voit dans ce travail que malgré les remarquables efforts qui ont été faits, il y a encore beaucoup de chemin à parcourir avant que ce dépistage soit connu et prescrit par un grand nombre de généralistes américains.

En France malheureusement, alors que la Haute Autorité de Santé a décidé de  ne pas recommander ce dépistage,  il faudra probablement attendre encore très  longtemps avant que ne soit offert aux fumeurs et anciens fumeurs de 30 PA l’accès à un examen simple,  dont il est démontré qu’il réduit de 20% la mortalité d’un cancer qui compte  plus de 45 000 nouveau cas en 2015 (cliquer ici) .   

 

 

Reference

Knowledge of, attitudes toward, and use of low-dose computed tomography for lung cancer screening among family physicians.

Ersek JL, Eberth JM, McDonnell KK, Strayer SM, Sercy E, Cartmell KB, Friedman DB.

Cancer 2016 Jun 13. [Epub ahead of print]

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer