American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine

Résultats à 7 ans de l’étude de dépistage DANTE

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
mars 2015

Dépistage, Diagnostic précoce

L’étude DANTE est l’un des études européennes a effectifs réduits qui a été mise en place en Italie il y a près de 15 ans. Dès le début, les auteurs étaient conscients du fait qu’ils n’auraient pas les moyens de réaliser une études dont les effectifs, comme ceux de l’étude américaine NLST, permettrait de répondre de façon définitive à la question que posait l’avènement  du scanner faiblement dosé comme technique de dépistage du cancer broncho-pulmonaire. Faute de parvenir à mener un grand essai européen, il a été proposé de monter plusieurs essais à faibles effectifs ayant des schémas proches,  en supposant que dans l’avenir les données de tous ces petits essais pourront être regroupées. On ne peut que regretter cette décision.

Ce sont les résultats finals de cette étude qui sont présentés ici.

Les sujets volontaires inclus dans cette étude milanaise étaient recrutés par différents moyens (médias, internet, médecins de famille, hôpital). Cet essai ne recrutait que des hommes de 60 à 74 ans fumeurs ou anciens fumeurs d’au moins 20 paquets-années. S’ils étaient anciens fumeurs ils devaient avoir interrompu leur tabagisme depuis moins de 10 ans.

Les sujets étaient alors randomisés entre un scanner annuel pendant 5 ans et un bras contrôle limité à une simple évaluation clinique annuelle. Lors de leur inclusion tous les sujets avaient une radiographie pulmonaire et 3 jours de suite un examen cytologique.   

Au total 2400 sujets étaient nécessaires pour mettre en évidence une réduction de mortalité spécifique de 50%

Le recrutement a eu lieu entre 2001 et 2006 et le suivi a cessé en 2013.

La compliance a été très bonne, 96,7% et 93,6% des sujets du bras expérimental ont eu respectivement 3 et 5 scanners.

Le suivi médian était supérieur à 8 ans.

Les principaux résultats sont résumés dans le tableau ci-dessous :

 

Scanner

Contrôle

n

1264

1186

Fumeurs (%)

714 (56)

681 (57)

Nombre moyen de PA

47,3

47,2

Age moyen

64,6

64,6

Nombre de procédures invasives (%)

144 (11,3)

64 (5,4)

Nombre de chirurgies pour cancer  (%)

90 (7,1)

31 (2,6)

Nombre de cancers confirmés (%)

73 (5,8

26 (2,2)

Nombre de chirurgies pour lésions bénignes (%)

17 (1,3)

5 (0,4)

Nombre de cancers broncho-pulmonaires (%)

104 (8,2)

72 (6)

Nombre de cancers broncho-pulmonaires de stade I (%)

47 (3,7)

15 (1,3)

Mortalité (X100 000 personnes/an)

Cancer broncho-pulmonaire

543

544

De toutes causes

1655

1742

Ces résultats sont sur beaucoup de points différents de ceux du NLST ce qui peut conduire à un certain nombre de commentaires.

Le point le plus important est que les effectifs sont très différents puisqu’ils sont dans cette étude près de 22 fois inférieurs à ceux de l’étude NLST. L’objectif de l’essai NLST était de montrer une réduction de la mortalité spécifique de 20%, ici c’est une réduction de 50% qui est visée.

Les sujets recrutés n’étaient pas les mêmes : ils avaient même de grandes différences portant sur les facteurs pronostiques : ils étaient tous dans cette étude de sexe masculin alors que plus de 40% des personnes incluses dans l’essai NLST étaient des femmes. Par ailleurs, ils étaient plus âgés que les patients de l’étude NLST (64 vs 61 ans) et plus fréquemment fumeurs qu’anciens fumeurs (56 vs 48%).          

Il est possible que ces différences expliquent en partie le fait que les chiffres de mortalité post-opératoire soient trois fois plus élevés dans l’étude italienne que dans l’étude américaine.

Les auteurs mettent beaucoup d’espoir dans l’analyse future de leurs données avec celles des autres études en cours ou à venir (NELSON) en Europe. Même si l’on peut espérer pouvoir analyser les données de plus de 30 000 patients, on reste tout de même assez réservé sur ce projets qui va analyser des essais dont le recrutement (sexe, âge, tabagisme), la méthodologie (technique de scanner, rythme, durée) et le mode d’exploration seront très différents.

Reference

Long-term Follow-up Results of the DANTE Trial, a Randomized Study of Lung Cancer Screening with Spiral Computed Tomography.

Infante M, Cavuto S, Lutman FR, Passera E, Chiarenza M, Chiesa G, Brambilla G, Angeli E, Aranzulla G, Chiti A, Scorsetti M, Navarria P, Cavina R, Ciccarelli M, Roncalli M, Destro A, Bottoni E, Voulaz E, Errico V, Ferraroli G, Finocchiaro G, Toschi L, Santoro A, Alloisio M; DANTE Study Group.

Am J Respir Crit Care Med. 2015 Mar 11. [Epub ahead of print]

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