Thorax

Un essai danois à petits effectifs sur le dépistage du cancer du poumon

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
avril 2012

Dépistage, Diagnostic précoce

Cet essai a inclus en 2 ans 4104 fumeurs ou anciens fumeurs ayant arrêté depuis moins de 10 ans, de 50 à 70 ans et dont le tabagisme cumulé était d’au moins 20 paquets/année. Ils étaient randomisés en deux groupe égaux : un groupe contrôle (EFR et questionnaire) et un groupe expérimental (la même chose plus un scanner de base et 4 scanners annuels).

Les nodules étaient gérés selon un schéma très proche de celui proposé pour la Nelson study tenant compte à la fois de la taille du nodule et de sa croissance sur un deuxième scanner effectué à 3 mois.

Le taux de compliance était élevé supérieur à 95% comme dans le NLST.

Le nombre de patients avec nodules est élevé comme dans la plupart des essais puisque 1029 nodules non calcifiés ont été observés chez 611/2052 personnes du groupe expérimental. Seuls ceux qui avaient des nodules >15mm ou un temps de  doublement inférieur à 400 jours étaient explorés. Comme dans la Nelson Study ce mode de fonctionnement a conduit à réduire le nombre de patients explorés : seulement 198/9800 (2,02%) scanners ont conduit à des explorations.

Finalement il a été observé 69 cancers (dont 37 de stades IA et 10 de stades IB) dans le bras expérimental et 24 dans le bras contrôle (dont 3 de stades IA et 2 de stades IB). Ainsi dans le bras scanner il y avait 1,8% de cancer bronchique non à petites cellules de stade IA et 0,0014% dans le groupe contrôle.

Aucune différence de mortalité spécifique ou globale n’a été objectivée entre les 2 groupes.

Cet essai peut amener à quelques commentaires :

  • Cet essai confirme bien, et c’est là un fait particulièrement intéressant, que le fait de coupler taille des nodules et temps de doublement permet de considérablement réduire le nombre de positifs et donc de sujets explorés.
  • Les effectifs de cet essai sont plus de 10 fois inférieurs à ceux du NLST. Pourtant l’objectif de démontrer une réduction de 20% de la mortalité était le même. On a du mal à comprendre cette différence.
  • Les auteurs de cette étude nous indiquent que leur essai n’a pas les effectifs suffisants pour conclure mais qu’ils espèrent que tous les essais européens regroupés apporteront des connaissances nouvelles permettant de démontrer soit les potentiels effets nocifs soit les bénéfices du dépistage (dans cet ordre).
  • Le dernier examen a été effectué il y a deux ans ce qui veut dire que le suivi est court et qu’on sera intéressé de connaître les résultats un peu plus tardifs. Les auteurs pensent que c’est là l’effet des biais classiques dans les études de dépistage qui pourtant n’apparaissent pas ou peu pour les plus de 53 000 participants du NLST.
  • Enfin, les résultats du NLST sont là (/prev-em-onco/2164) et ils sont incontestablement positifs. On peut considérer aujourd'hui que cet  essai randomisé à très grands effectifs a démontré l'impact sur la mortalité spécifique par cancer broncho-pulmonaire.  Dans la mesure ou tous les essais randomisés sont en train de se terminer et qu’il ne semble pas que d’autres essais soient en cours il est vraisemblable qu’une méta-analyse de plusieurs essais différents à effectifs réduits et dont la somme n'atteindra pas les effectifs du NLST ne permettra pas d'arriver à des conclusions opposées. 

Reference

CT screening for lung cancer brings forward early disease. The randomised Danish Lung Cancer Screening Trial: status after five annual screening rounds with low-dose CT.

Saghir Z, Dirksen A, Ashraf H, Bach KS, Brodersen J, Clementsen PF, Døssing M, Hansen H, Kofoed KF, Larsen KR, Mortensen J, Rasmussen JF, Seersholm N, Skov BG, Thorsen H, Tønnesen P, Pedersen JH.

Thorax 2012; 67 : 296-301.

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer