Lung Cancer

Une cohorte italienne soumise au dépistage par radiographie pulmonaire.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
avril 2013

Dépistage, Diagnostic précoce

Cette étude observationnelle non randomisée a été menée en Italie à partir de 1997 dans une cohorte bien définie de la région de Varèse. Les médecins généralistes de cette région qui ont participé à cette enquête travaillaient dans 50 communes aussi bien rurales qu’urbaines.

La méthodologie a été la suivante :

- Une population source de 122 074 personnes vivantes au 1er janvier 1999 a été repérée. Elle était constituée de toutes les personnes nées entre 1923 et 1953 résidant dans cette région.

- Parmi celles-ci, a été identifié une population de référence (n=26 656) fumeurs actifs ou ancien fumeurs ayant fumé au moins 10 PA.

- Parmi cette population, une cohorte de plus de 5815 personnes invités à un programme de dépistage par des généralistes ont été recrutés (cohorte invitée au dépistage). Ils devaient être aptes à la chirurgie et être indemnes de tout signe de cancer.  Parmi ceux-ci 1244 (21%) ont accepté de se soumettre à un dépistage radiologique gratuit pendant 5 ans.

- Le statut vital et les causes de décès (non vérifiées) au 31 décembre 2006 des patients de la population source ont été recherchés.

- Les chiffres de décès de la population source ont servi à estimer les causes de décès de la population de référence et la cohorte entière invitée au dépistage.

Avec ces calculs complexes et faisant appel à plusieurs extrapolations, le risque de décès par cancer broncho-pulmonaire dans la population invitée au dépistage était significativement réduit de 18%.  

 

Les résultats assez inattendus de cette étude non randomisée semblent donc montrer que le simple fait de propose un programme de dépistage réduit la mortalité attendue par cancer broncho-pulmonaire.

Ces résultats sont-ils en contradiction avec les études randomisées qui toutes ont montré l’absence d’efficacité du dépistage radiologique du cancer broncho-pulmonaire (/prev-em-onco/2343) ? Pas forcément, car il ne s’agit probablement pas des mêmes sujets et de la même question posée :

  • Les études randomisées montrent que chez des sujets volontaires pour un dépistage la radiographie pulmonaire n’apporte rien,
  • Cette étude montre que les malades à qui des généralistes parlent du dépistage meurent moins du cancer broncho-pulmonaire que les autres, même s’ils n’ont pas eu de radiographie pulmonaire.

C’est probablement parce que le simple fait de parler du dépistage à des fumeurs ou anciens fumeurs a conduit à deux mécanismes bénéfiques :

  • 1) une prise de conscience du risque tabagique et peut-être un sevrage tabagique dont on sait qu’il est immédiatement actif sur la mortalité cardio-vasculaire qui a pu ainsi être diminuée (les causes de décès n’ont pas été revues).
  • 2)  surtout, il est très probable que, des chez des patients peu symptomatiques, le diagnostic de cancer a été ainsi avancé. On sait en effet combien le retard au diagnostic intervient sur la mortalité prématurée (/prev-em-onco/2973).

Cette étude non randomisée  à notre sens ne démontre en rien l’intérêt du dépistage radiologique du cancer broncho-pulmonaire. Elle démontre simplement que quand des généralistes s’intéressent à cette maladie jusqu’à en parler à tous leurs patients fumeurs ou anciens fumeurs, celà peut être bénéfique.

Reference

Assessment of lung cancer mortality reduction after chest X-ray screening in smokers: A population-based cohort study in Varese, Italy.

Dominioni L, Poli A, Mantovani W, Pisani S, Rotolo N, Paolucci M, Sessa F, Conti V, D'Ambrosio V, Paddeu A, Imperatori A.

Lung Cancer 2013; 80 : 50-4

45 lectures

Coup de ♥ du mois

Risque de cancer du poumon chez les mineurs exposés à de faible taux de radon

novembre 2015

Si les données concernant les expositions à de fortes concentrations de radon sont bien connues,...

Lire la suite
Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer