La cigarette électronique aide-t-elle les patients fumeurs guéris d’un cancer à cesser leur tabagisme ?

Approximativement les 2/3 des adultes qui survivent à un cancer continuent à fumer même s’ils n’ignorent pas que cette poursuite du tabagisme accroit leur mortalité, leur risque de deuxième cancer, et leurs taux de complications. Pourtant beaucoup d’efforts ont été réalisés pour aider ces patients dans leur démarche de sevrage. La cigarette électronique est de plus en plus utilisée. Elle est présentée comme une aide au sevrage tabagique, bien que les données de la littérature à ce propos soient loin d’être convaincantes (/la-suvmax-est-elle-pronostique-chez-les-patients-traites-par-radiotherapie, /meme-quand-ils-sont-minimes-les-epanchement-pleuraux-impactent-fortement-le-pronostic, /radiotherapie-exclusive-pour-les-cancers-bronchiques-non-petites-cellules-de-stade-iii, /benefice-des-inhibiteurs-de-la-tyrosine-kinase-de-legfr-et-statut-mutationnel-une-meta) ce qui explique que la FDA n’ait pour l’instant pas considéré que le bénéfice de la cigarette électronique dans cette indication était démontré.

L’enquête présentée ici avait pour but de guider les cliniciens dans leur communication avec les fumeurs atteints de cancer en leur procurant des données sur l’usage de la cigarette électronique dans ce contexte et sur ses résultats.

Tous les patients qui pendant les années 2012 et 2013 se présentaient au Memorial Sloan Kettering Cancer Center pour le traitement d’un cancer étaient interrogés sur leur tabagisme et tous ceux qui indiquaient avoir fumé dans les 30 jours qui précédaient étaient automatiquement orientés vers un programme de cessation tabagique. Parmi ces 4504 malades, 1074 ont dit être intéressés par ce programme et ont reçu au cours de différentes consultations des conseils et un traitement orientés vers le sevrage tabagique. Parmi ceux-ci 414 ont pu être contacté 6 mois après la fin de ce programme.

Plus de la moitié de ces 1074 patients étaient de sexe féminin, leur âge moyen était de 56 ans, la majorité d’entre eux avaient un niveau scolaire élevé. Approximativement 1/3 avaient un degré de dépendance élevé. Parmi ceux-ci, 20% avaient un cancer intra-thoracique.

Au moment de l’inclusion dans l’étude, environ 1/4 des patients disaient avoir utilisé la cigarette électronique dans les 30 derniers jours, 92% utilisant en même temps la cigarette traditionnelle.

Au début de 2012, 10,6% des participants disaient avoir eu recours récemment à la cigarette électronique. Au second trimestre de 2013 ce chiffre s’est accru considérablement puisqu’il atteignait 56,9% et en moyenne 38,5% pour l’année 2013.

Ces utilisateurs de la cigarette électronique avaient plus fréquemment que les non utilisateurs un cancer broncho-pulmonaire ou un cancer de la tête et du cou, ils fumaient davantage et étaient plus dépendants de la nicotine ; ils fumaient notamment plus tôt dans la journée et avaient plus de mal à rester dans les endroits ou le tabac est interdit. Plus souvent que les autres ils avaient tenté d’arrêter par le passé leur tabagisme.

De façon globale pour l’ensemble des cas, l’abstinence tabagique à 7 jours était la même que les patients utilisent ou non la cigarette électronique. A long terme, après ajustement au type de cancer, au nombre de tentatives antérieures et surtout au degré de dépendance à la nicotine, les utilisateurs de cigarette électronique étaient 2 fois plus nombreux à fumer que les non-utilisateurs. 

L’arrêt du tabac reste une priorité chez ces anciens malades, mais on est totalement incapable actuellement d’affirmer que la cigarette électronique, dont l’utilisation a beaucoup augmenté, ait un intérêt dans cette démarche.