Lung Cancer

Les évènements secondaires immunologiques rapportés au traitement sont prédictifs de l’évolution des CBNPC sous immunothérapie

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
février 2020

Immunothérapie, Effets secondaires des médicaments

Beaucoup de cliniciens pensent que la survenue d’évènements secondaires immunologiques rapportés au traitement est prédictive d’une meilleure activité du traitement.  Nous avons effectivement commenté plusieurs études cliniques rétrospectives qui ont apporté des arguments en faveur de cette hypothèse d’abord dans le mélanome puis dans le cancer bronchique non à petites cellules (cliquer ici) et (ici) et (ici) et nous avions commenté l’été dernier  l’an dernier (cliquer ici) un travail qui proposait des explications sur le mécanisme de ce lien entre effet secondaire immunologique et efficacité. 

Toutefois cette notion reste encore discutée (cliquer ici) et les auteurs de cet article, constatant au moment de la conception de cette étude que les données disponibles concernaient surtout les patients asiatiques,  ont souhaité confirmer cette notion chez des patients caucasiens  à partir de données collectées de façon prospective dans un programme d’accès au traitement avant mise sur le marché du nivolumab en Italie. Ces données ont été recueilles en 2015 et 2016 chez 1959 patients consécutifs d’origine caucasienne. 

Les malades inclus dans cette étude étaient atteints d’un cancer bronchique non à petites cellules de stade IIIB ou IV et ils recevaient en deuxième ligne ou plus du nivolumab à 3 mg/kg toutes les 2 semaines. 

L’âge médian de ces malades était de 66 ans, 68% étaient de sexe masculin, la plupart étaient fumeurs ou anciens fumeurs.  Ils avaient reçu 1 (40%),  2 (29%), 3 (18%), ou plus (12%) ligne(s) de traitement antérieur.

Parmi ces 1959 patients, 342 (17,5%) ont développé un évènements secondaires immunologiques rapportés au traitement dont 79% étaient de grade 1 ou 2, 17,8% de grade 3 et 3,2% de grade 4. Les trois principales toxicités étaient cutanées (29,5%), gastro-intestinales (22,5%) et endocriniennes (18,4%). Du fait de ces événements immunologiques, 79 patients ont arrêté le traitement.

Les caractéristiques des patients qui avaient ou n’avaient pas d’évènements secondaires immunologiques rapportés au traitement n’étaient pas différentes,  notamment en ce qui concerne le sexe, l’âge, la présence ou l’absence de métastases hépatiques ou cérébrales, le nombre de traitements antérieurs,  et  le tabagisme.

Selon les critères du RECIST 1.1,  16 (0,8 %)  patients étaient en réponse complète, 343 (17,5 %)  en réponse partielle, et 522 (26,7%) en stabilité. Le taux de contrôle de la maladie était de 45 %. La survie sans progression médiane était de 3,3 mois et la survie médiane de de 10,3 mois. 

Comme le montre le tableau ci-dessous, les taux de réponse, la durée médiane de survie sans progression et la durée médiane de survie étaient significativement supérieurs chez les malades qui ont eu un évènements secondaires immunologiques rapportés au traitement : 

 

Effet immunologique

(n=342)

Pas d’effet immunologique

(n=1617)

p

Taux de réponse (%)

27,2

16,5

<0,0001

Taux de contrôle (%)

60,5

41,5

<0,0001

PFS médiane (mois) 

6

3

<0,0001

Survie médiane (mois)

16,7

9,4

<0,0001

En analyse multivariée prenant en compte les facteurs pronostiques habituels, l’apparition d’un évènement secondaire immunologique rapporté au traitement était un facteur indépendant lié à ces paramètres. 

Par ailleurs les patients qui avaient des évènements secondaires immunologiques de grade 1 et 2 avaient une survie sans progression et une survie significativement supérieures à celles des patients qui avaient eu une toxicité de grade 3 et 4 (7 vs 3,2 mois pour la PFS  et 19,2 vs 11,2 mois pour la survie). 

Cette étude supplémentaire, qui est prospective et qui porte sur près de 2000 malades d’origine caucasienne,  nous semble confirmer de façon définitive que la survenue, chez un malade atteint de cancer bronchique non à petites cellules et qui reçoit une immunothérapie, d’un évènement secondaire immunologique est prédictive d’une plus grande efficacité de ce traitement.  

 

Reference

Immune-related adverse events correlate with clinical outcomes in NSCLC patients treated with nivolumab: The Italian NSCLC expanded access program.

Baldini E, Lunghi A, Cortesi E, Turci D, Signorelli D, Stati V, Melotti B, Ricciuti B, Frassoldati A, Romano G, Ceresoli GL, Illiano A, Verderame F, Fasola G, Ricevuto E, Marchetti P, Pinto C, Cartenì G, Scotti V, Tibaldi C, Fioretto L, Giannarelli D.

Lung Cancer  2020; 140 : 59-64

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer