Annals of Oncology

Osimertinib ou chimiothérapie : de nouveaux résultats de l’étude AURA 3

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
novembre 2020

Thérapeutique ciblée, Traitement des stades IV, EGFR

Nous avons commenté sur ce site en janvier 2017 les premiers résultats de l’étude AURA 3 (cliquer ici). Cette importante étude randomisée de phase III s’adressait à des patients atteints de cancers bronchiques non à petites cellules de stade avancé ou métastatique en progression après une ligne d’un inhibiteur de la tyrosine kinase de l’EGFR. Ils avaient  une mutation EGFR et une mutation de résistance T790M dont la confirmation était centralisée. La présence de métastases cérébrales asymptomatiques et stables était autorisée. Ils étaient randomisés sur un mode 2/1 pour recevoir soit de l’osimertinib à 80 mg une fois par jour soit une chimiothérapie par cisplatine à 75 mg/m2 ou carboplatine AUC 5 et pemetrexed à  500 mg/m2. Un amendement avait été décidé  en cours d’étude pour autoriser le crossover vers l’osimertinib chez les patients traités par chimiothérapie.

L’objectif principal  qui était la survie sans progression  déterminée par les investigateurs était largement atteint puisque la survie sans progression médiane passait de 4,4 mois sous chimiothérapie à10,1 mois sous osimertinib avec un HR à 0,30 (0,23-0,41). Cette différence était significative avec un p <0,001. A cette époque, les données de survie n’étaient pas matures.

Le but de la publication récente que nous commentons est d’apporter de nouvelles données notamment pour la survie avec une durée médiane de suivi de 23,5 mois dans le bras osimertinib et de 20,3 mois dans le bras chimiothérapie. 

Le tableau ci-dessous indique les principaux résultats de survie : 

 

Osimertinib

Chimiothérapie

p

Survie médiane (mois) (95%CI)

26,8 (23,5-31,5)

22,5 (20,2-28,8)

 

HR se survie (95%CI) 

0,87 (0,67-1,12)

0,27

Taux de survie à 12 mois (%)

83

78

 

Taux de survie à 24 mois (%)

55

43

 

Taux de survie à 36 mois (%)

37

30

 

La plupart des facteurs étudiés étaient non significativement en faveur de l’osimertinib à l’exception du sexe masculin et de l’existence de mutation T790M initialement dans le plasma qui étaient non significativement en faveur de la chimiothérapie. 

Parmi les 419 patients randomisés, 279 l’étaient dans le bras osimertinib et 140 dans le bras chimiothérapie et parmi ces derniers 99 ont bénéficié d’un crossover autorisé vers l’osimertinib. Dans une analyse exploratoire, la survie ajustée au crossover  a été calculée : la survie médiane ajustée était de 15,9 mois dans le bras chimiothérapie vs 26,8 mois dans le bras osimertinib. 

Les temps jusqu’au premier traitement suivant ou décès ou deuxième traitement suivant ou décès étaient très différents dans les deux bras :

  • Le temps jusqu’au premier traitement suivant ou décès était de 16 mois dans le bras osimertinib et de 6 mois dans le bras chimiothérapie et cette différence était significative (HR 0,21; 95% CI 0,16-0,28; p < 0.001). 
  • En revanche, il n’y avait pas de différence significative concernant le temps jusqu’au deuxième traitement suivant ou décès (20 vs 19 mois). 

En ce qui concerne la toxicité, on retiendra surtout que moins de patients du bras osimertinib ont rapportés des évènements secondaires possiblement rapportés au traitement (9% vs 34%).  

Comme il y a quelques années pour les inhibiteurs de la tyrosine kinase de première ou deuxième génération, l’important crossover observé chez les malades du bras standard empêche de mettre en évidence un bénéfice significatif de survie parce que le crossover permet de « rattraper » un grand nombre de malades initialement randomisés dans le bras chimiothérapie. Il n’en reste pas moins que les gains significatifs de survie sans progression et de temps jusqu’au premier traitement suivant suffisent à faire de ce traitement par osimertinib un standard de traitement des patients qui ont progressé après un traitement de première ligne ou deuxième ligne d’autant qu’une amélioration de la qualité de vie (cliquer ici) et des symptômes (cliquer ici) ont également été publiés.

 

 

Reference

Osimertinib versus platinum-pemetrexed for patients with EGFR T790M advanced NSCLC and progression on a prior EGFR-tyrosine kinase inhibitor: AURA3 overall survival analysis.

Papadimitrakopoulou VA, Mok TS, Han JY, Ahn MJ, Delmonte A, Ramalingam SS, Kim SW, Shepherd FA, Laskin J, He Y, Akamatsu H, Theelen WSME, Su WC, John T, Sebastian M, Mann H, Miranda M, Laus G, Rukazenkov Y, Wu YL.

Ann Onco. 2020 Online ahead of print.

98 lectures

Coup de ♥ du mois

Risque de cancer du poumon chez les mineurs exposés à de faible taux de radon

novembre 2015

Si les données concernant les expositions à de fortes concentrations de radon sont bien connues,...

Lire la suite
Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer