Chest

Quel est dans la « vraie vie » la fréquence des examens réalisés après un scanner de dépistage ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
février 2020

Dépistage

Une crainte fréquemment mise en avant lorsqu’on discute du dépistage du cancer broncho-pulmonaire par scanner LD est que les examens réalisés à la suite d’un dépistage soient nombreux.  Ces examens seraient alors susceptibles de générer des complications lorsqu’il s’agit d’examens invasifs, une irradiation supplémentaire lorsqu’il s’agit de scanners,  et ils pourraient entrainer un coût supplémentaire. Ces inconvénients seraient particulièrement regrettables lorsqu’il s’agit de « faux positifs ». 

On sait que, dans l’étude NLST,  ce sont essentiellement des scanners supplémentaires qui ont été réalisés chez les faux positifs du bras scanner et que des examens invasifs ont été peu fréquemment réalisés dans cette étude : 2,2% de bronchoscopies, 0,8% d’ abords cyto-histologiques, 0,2% de médiastinoscopies et 0,6% de thoracoscopies et thoracotomies. Toutefois l’étude NLST a été réalisée chez des volontaires qui n’ont pas exactement les mêmes caractéristiques que les fumeurs ou anciens fumeurs que nous sommes amenés à rencontrer  dans la pratique quotidienne : ils sont notamment plus fréquemment anciens fumeurs et plus éduqués.  Par ailleurs ces volontaires ont été explorés dans des centres spécialisés appartenant à des centres agréés par le NCI ou à des grands centres universitaires et il est loin d’être certain que les mêmes résultats soient observés en dehors de ces centres.  

Les auteurs de cet article ont donc fait l’hypothèse que les examens réalisés en dehors d’un essai seraient plus nombreux et, pour vérifier cette hypothèse, ils ont interrogé une grande base de données appartenant à une compagnie d’assurance privée américaine qui compte 18 millions d’adhérents. Ils ont constitué une cohorte d’assurés ayant les critères d’âge et de tabagisme d’éligibilité au dépistage (cliquer ici) et ayant eu un scanner LD pendant l’année 2016 (groupe scanner LD).  Ils ont vérifié que ces sujets  étaient restés adhérents pendant l’année qui a suivi ce scanner de dépistage. Ils ont ensuite comptabilisé les examens réalisés et en ont comparé le nombre à ceux de patients n’ayant pas eu de scanner LD (groupe témoin).

La plupart des examens effectués étaient plus nombreux chez les 11 520 sujets du groupe scanner LD que chez les 11 520 assurés du bras contrôle mais la plupart de ces examens étaient des scanners thoraciques (20,7%). Les autres examens étaient peu nombreux (IRM : 0,05% et TEP-FDG : 0,3%). Quant aux examens invasifs ils n’étaient que rarement réalisés : bronchofibroscopie : 2,3%, biopsies per-cutanées : 1,5%, médiastinoscopies : 0,2%, thoracoscopies : 1% et thoracotomies : 0,4%. 

Les pourcentages de sujets ayant des examens dans les suite du scanner LD, qu’ils soient invasifs ou non, sont très proches de ceux réalisés parmi les faux positifs du bras scanner de l’étude NLST. Ces résultats, obtenus avec une méthodologie tout à fait correcte, permettent donc de confirmer que, même en dehors d’études, peu de sujets ont des examens après un scanner LD. De plus,  la très grande majorité des examens réalisés sont des scanners du thorax. Ainsi, le fait que ces examens soient peu nombreux et peu invasifs, comme chez les faux positifs de  l’étude NLST, permet de penser qu’ils n’induiront que peu de complications et de dépenses contrairement à ce qu’affirmait un article récent qui a eu, malgré une méthodologie discutable, un important retentissement médiatique (cliquer ici).

Reference

Use of Imaging and Diagnostic Procedures After Low-Dose CT Screening for Lung Cancer.

Nishi SPE, Zhou J, Okereke I, Kuo YF, Goodwin J.

Chest 2020; 157 : 427-434

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