Chest

Dépistage et cancers radio-induits

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
mars 2014

Dépistage, Diagnostic précoce

Pour calculer la dose d’irradiation reçue dans un programme de dépistage annuel les auteurs de ce travail ont estimé les doses reçues, non seulement pour un scanner low dose annuel, mais aussi pour un suivi selon les règles de la Fleichner Society. Ils ont estimé que la dose moyenne d’irradiation reçue pour un scanner faiblement dosé était de 2 mSv[1] et qu’elle était quatre fois supérieure pour un scanner corps entier (8 mSv).

Ils ont alors calculé la dose que recevait une personne suivie pendant 20 ans (2X20 = 40mSv) chez laquelle un nodule de taille ≥4mm était découvert tous les 2 ans : ils ont alors considéré que tous les deux ans, cette personne recevait en plus 24 mSv pour 3 scanners corps entier supplémentaires, ce qui le conduisait à recevoir en tout en 20 ans 280 mSv et 420 en 30 ans.

Les auteurs ont alors comparé ces chiffres à ceux estimés chez les travailleurs de l’industrie nucléaire ou les survivants de la bombe atomique : les doses reçues, chez le personnes dépistées selon un tel scenaro, sont très supérieures.

Cet article a le mérite d’attirer à nouveau l’attention sur le risque connu des cancers radio induits, que nous avions abordé déjà sur ce site il y a deux ans (/la-presence-de-mutations-kras-est-peut-etre-predictive-dune-bonne-reponse-aux-taxanes).

Dans ce travail, la dose reçue est calculée en se mettant dans la pire situation. Une personne qui pendant 30 ans n’aurait qu’un scanner annuel recevrait en 30 ans 60 mSv. Ici il est annoncé qu’il en reçoit sept fois plus, parce qu’on fait l’hypothèse que tous les deux ans on lui découvre un nodule de taille ≥4mm, et que tous les deux ans on réalise  3 scanners corps entier supplémentaires. On pourrait se contenter dans cette hypothèse de scanners faiblement irradiants et n’en réaliser qu’un qui avec une analyse volumétrique pourrait suffire (/radiotherapie-stereotaxique-pour-les-tumeurs-de-plus-de-3cm).

La comparaison avec les survivants de la bombe atomique nous semble un peu déplacée. Il est en effet difficile d’affirmer qu’une exposition unique à une dose très élevée a les mêmes conséquences que des expositions faibles et répétées.  On aurait pu, comme le suggère l’excellent éditorial qui accompagne cet article, choisir la comparaison avec le personnel navigant dont l’exposition peut atteindre en 30 ans des doses supérieures à celles des survivants des explosions atomiques ou des travailleurs de l’industrie nucléaire.

Le risque de cancers liés à l’irradiation existe. Cet article a le mérite de nous le rappeler et nous devons garder cela à l’esprit chaque fois que nous prescrivons un scanner, surtout pour une affection bénigne et surtout chez quelqu’un de jeune. Mais à notre point de vue, la connaissance de ce risque ne doit conduire ni à le surestimer ni à remettre en question le bénéfice du dépistage par scanner faiblement dosé du cancer broncho-pulmonaire.



[1] Le Sievert est une unité utilisée pour donner une évaluation de l'impact des rayonnements sur l'homme.

Reference

Radiation risks in lung cancer screening programs: a comparison with nuclear industry workers and atomic bomb survivors.

McCunney RJ, Li J.

Chest 2014; 145 : 618-24.

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