Annals of Oncology

L’antibiothérapie et les inhibiteurs de la pompe à protons diminuent l’efficacité de l’atezolizumab dans les études OAK et POPLAR.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
avril 2020

Immunothérapie, Effets secondaires des médicaments

Après plusieurs études rétrospectives, nous avons récemment commenté une méta-analyse française qui  démontre que l’antibiothérapie administrée dans les 2 mois qui précédent et suivent le début d’une immunothérapie diminue significativement l’activité de celle-ci (cliquer ici). Les inhibiteurs de la pompe à protons seraient aussi susceptibles de modifier la flore intestinale mais on ne dispose pas de beaucoup de données sur leur action chez les malades qui reçoivent une immunothérapie. 

Toutefois les données dont on dispose sont issues d’études rétrospectives ce qui conduit à penser que ces études ne sont pas indemnes de biais, car il n’est pas impossible que la prise de ces médicaments agisse sur le pronostic de tous les patients atteints de cancer broncho-pulmonaire et non pas uniquement sur celui de ceux qui reçoivent une immunothérapie. 

C’est pourquoi l’idée de travailler sur des patients inclus prospectivement dans des études prospectives randomisées est excellente. Les patients analysés ici sont issus de deux études cliniques industrielles multicentriques et randomisées comparant l’atezolizumab au docetaxel :

Ceci représente donc 1512 patients qui, dans une analyse poolée bénéficiaient de l’immunothérapie avec une survie médiane significativement plus longue dans le bras atezolizumab (13,2 mois vs 9,7 mois) avec un HR à 0,79 (95% CI 0,69-0,91).

Parmi ces patients :

  • 169 (22,3%) du bras atezolizumab et 202 (26,8%) du bras docetaxel ont reçu une antibiothérapie 30 jours avant ou 30 jours après le début de l’immunothérapie. 
  • 234 (30,9%) et 260 (34,4%) des patients de ces 2 bras ont reçu des inhibiteurs de la pompe à protons pendant la même période.
  • Et 74 (9,8%) et 83 (10,9) des patients de ces 2 bras ont reçu en association pendant la même période antibiotiques et inhibiteurs de la pompe à proton.

La durée médiane de l’antibiothérapie était de 8 jours et celle des traitements par inhibiteurs de la pompe à protons de 13 jours. 

Les caractéristiques des patients qui recevaient ces médicaments étaient bien réparties à l’exception des patients sous atezolizumab qui, lorsqu’ils recevaient ces traitements, avaient plus fréquemment un PS à 1.  

Chez les patients qui recevaient de l’atezolizumab le fait de recevoir des antibiotiques ou des inhibiteurs de la pompe à protons était significativement pronostique alors qu’ils n’impactent pas significativement le pronostic des malades sous docetaxel. 

 

Durées médianes de survies

HR (95% CI)

p

Antibiotiques

Oui

Non

 

 

Atezolizumab 

8,5

14,1

1,32 (1,06-1,63)

0,001

Docetaxel 

9,1

10,2

1,13 (0,93-1,37)

ns

Inhibiteurs de la pompe à protons 

Oui

Non

 

 

Atezolizumab 

9,6

14,5

1,45 (1,20-1,75)

0,0001

Docetaxel 

9,1

10,9

1,17 (0,97-1,40)

ns

Bien que  ces analyses n’étaient pas programmées, leurs résultats renforcent les nombreuses données de la littérature qui montrent que l’antibiothérapie commencée juste avant ou juste après l’immunothérapie diminue significativement la survie des patients sous immunothérapie mais pas celle des patients sous chimiothérapie. Elles suggèrent un effet comparable des inhibiteurs de la pompe à protons.

 

Reference

Efficacy of chemotherapy and atezolizumab in patients with non-small-cell lungcancer receiving antibiotics and proton pump inhibitors: pooled post hoc analyses of the OAK and POPLAR trials.

Chalabi M, Cardona A, Nagarkar DR, Dhawahir Scala A, Gandara DR, Rittmeyer A, Albert ML, Powles T, Kok M, Herrera FG; imCORE working group of early career investigators.

Ann Oncol 2020; 31 : 525-531

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