Chest

Le rapport bénéfice/risque du dépistage n’est probablement pas le même chez les personnes atteintes de BPCO

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
novembre 2019

Dépistage

Le rapport bénéfice/risque du dépistage du cancer broncho-pulmonaire reste encore discuté car s’il est largement prouvé que le dépistage scanographique diminue  significativement la mortalité spécifique par cancer broncho-pulmonaire de 20% (cliquer ici), ce dépistage comporte aussi  de potentiels inconvénients tels que le coût (cliquer ici), le retentissement psychologique (cliquer ici) (et ici)  ou surtout l’exploration des faux positifs qui peut conduire à un certain nombre de complications. 

Pour diminuer ces derniers, deux possibilités existent : la première est de diminuer le nombre de faux positifs lui-même. C’est ce qui a pu être fait dans l’étude NELSON (cliquer ici) et ce qui a permis de ramener le taux de faux positif à des valeurs extrêmement faibles. La seconde est de limiter les investigations réalisées chez les positifs en discutant collégialement de celles-ci et en intégrant dans cette discussion les données cliniques. 

Jusqu’ici, les données qui concernaient les procédures diagnostiques utilisées et leurs complications pendant l’étude NLST étaient rapportées aux scanners réalisés et non aux personnes dépistées.  Le but de ce travail publié dans le dernier numéro de Chest est de rapporter ces données aux personnes en recherchant si les caractéristiques cliniques influençaient  ou non le nombre d’examens réalisés et leurs complications.

On savait déjà que 75 138 scanners avaient été réalisés en 3 ans et que les résultats de 1140 (1,5%) d’entre eux (1,5%) ont été à l’origine de procédures invasives, qui ont entrainé 232 (0,3%) complications dont 89 (0,1%) étaient sévères. 

Quand on se réfère aux personnes examinées, les chiffres sont modifiés comme le montre le tableau ci-dessous : 

 

Nombre

Démarche diagnostique 

Procédures invasives 

Complications (%) 

Complications sévères  (%)

Scanners

75 138

10 704 (14,2%)

1140 (1,5%)

232 (0,3%)

89 (0,1%)

Personnes dépistées

26 453

8 073 (30,5%) 

1106 (4,2%)

230 (0,9%)

88 (0,3%)

Ces complications concernaient aussi bien les vrais que les faux positifs puisque 19,1% de ceux qui ont eu une complication et 12,5% de ceux qui ont eu une complication grave n’avaient pas de cancer. 

Parmi les patients dépistés, 4 632 avaient des antécédents de BPCO et 21 821 n’en avaient pas. Comparés aux participants indemnes de BPCO, ceux qui étaient atteints de cette maladie ont eu : 

  • Significativement plus souvent des investigations invasives (6 vs 3,8%, p<0,01).
  • Un taux significativement plus élevé de complications liées à la procédure (1,5 vs 0,7%,  p<0,01).
  • Un taux significativement plus élevé de complications sévères liées à la procédure (0,6 vs 0,3%,  p<0,01).
  • Enfin ils avaient davantage de cancers broncho-pulmonaires (6,1% vs 3,6%; p < 0,001). 

Toutes ces différences étaient confirmées dans une analyse multivariée. 

Certains auteurs ont écrit que, comme on dépiste davantage de cancers chez les malades atteints de BPCO, ce sont préférentiellement ces derniers que le dépistage doit cibler. Avant de s’orienter, - en dehors d’études cliniques bien sûr -, vers une telle attitude il faudrait être certain que les taux significativement plus élevés de complications et surtout de complications graves ne modifient pas le rapport bénéfice/risque et donc ne remettent pas en cause le gain significatif de survie obtenu par le dépistage. 

Comme le suggèrent les auteurs, en l’absence de données précises sur le dépistage dans des populations de patients atteints de BPCO, et d’ailleurs aussi de ceux qui sont atteints d’autres comorbidités, réfléchissons bien avant de proposer un dépistage à un fumeur ou à un ancien fumeur dont les antécédents  risquent de modifier de façon importante le rapport bénéfice/risque du dépistage. L’impact propre aux comorbidités (par exemple de la BPCO) sur la survie pouvait déjà nous faire réfléchir.  L’impact sur les complications éventuelles des examens invasifs qui devront parfois être réalisés s’y ajoute. 

 

 

 

Reference

Patient-Level Trajectories and Outcomes After Low-Dose CT Screening in the National LungScreening Trial.

Iaccarino JM, Silvestri GA, Wiener RS.

Chest. 2019; 156 : 965-971 

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Revue : British Journal of Cancer