Journal of Thoracic Oncology

Les malades atteints de cancers broncho-pulmonaires dépistés par scanner LD développent-ils moins de métastases cérébrales que les autres ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
septembre 2021

Dépistage, Métastases cérébro-ménagées

On considère que 10 % des patients atteints de cancer non la petite cellule ont des métastases cérébrales au moment du diagnostic initial et que 40 % en auront au cours de l’évolution de leur maladie. On ne sait pas si ces métastases cérébrales qui représentent un très important facteur de gravité au cours des cancers broncho-pulmonaires sont moins fréquentes lorsque le cancer a été dépisté que lorsqu’il a été découvert à la suite de symptômes  et le travail que nous commentons ici pose cette question à partir des données de l’étude NLST qui comparait chez des fumeurs ou anciens fumeurs ayant fumé au moins 30 PA et ayant éventuellement interrompu leur tabagisme depuis moins de 15 ans (cliquer ici) et (ici) et (ici) un dépistage par scanner faiblement dosé à un dépistage par radiographie thoracique dont il a été démontré plus tard qu’elle n’apportait rien de plus qu’un diagnostic par symptômes (cliquer ici)

Parmi les 53452 personnes dépistées dans l’étude NLST, 2058 avaient un cancer broncho-pulmonaire et parmi ces derniers 556 ont du être exclus, un parce qu’il avait présenté des métastases cérébrales initiales et les 555 autres du fait de données manquantes concernant l’évolution cérébrale du cancer.  L'objectif principal de cette étude était de savoir si le risque de développer des métastases cérébrales différait selon que le cancer avait été révélé par radiographie thoracique ou à la suite de symptômes (cancers de l’intervalle) ou par scanner. 

C’est donc sur 1502 patients atteints de cancer broncho-pulmonaire que porte ce travail. Parmi ceux-ci, 76,8% avaient un cancer de stade précoce, et 41,8% avaient un adénocarcinome. On note enfin que 56,5% des sujets ont été randomisés dans le bras scanner et 43,5% dans le bras radiographie thoracique. 

Lorsqu’on regarde quel est le mode de détection du cancer broncho-pulmonaire, 41,4% des cancers broncho-pulmonaires ont été détectés par scanner et 58,6% ont été diagnostiqués par radiographies ou en dehors du dépistage. 

Parmi les 1502 patients atteints de cancer broncho-pulmonaire, 143 (9,5%) ont développé après le diagnostic  des métastases cérébrales et pour 107 les métastases cérébrales représentaient le premier site de progression. 

L’incidence cumulative de métastases cérébrales, 3 ans après que le diagnostic de cancer broncho-pulmonaire ait été porté, était de :

  • 6,5% (4,5%-8,4%) chez les malades dont le cancer avait été détecté par scanner et de
  • 11,9% (9,6%-14,1%) chez ceux dont le cancer n’avait pas été détecté par scanner. 
  • La réduction du risque de métastases cérébrales était significative : le HR ajusté à l’âge, au stade, à l’histologie et au tabagisme était à 0,53 (0,36-0,78), p = 0,001. 
  • En restreignant l’analyse aux malades qui avaient un cancer de stade I à III, la réduction du risque était encore plus importante (HR =0,47). Elle l’était encore plus pour les patients de stades I et II (HR=0,35). Il en était de même lorsque l’analyse était restreinte aux patients opérés. Une analyse par la méthode des scores de propension a ensuite confirmé ces résultats. 

La cause de ces différences, que ni le stade ni le traitement n’expliquent, n’est pas évidente. Il est possible, comme le soulignent les auteurs que la biologie des tumeurs dépistées par scanner soit différente de celles qui ne sont pas dépistées parce qu’elles auraient une croissance plus lente.  Quoiqu’il en soit, ces résultats sont à ajouter à la longue liste des bénéfices du dépistage par scanner faiblement dosé un cancer broncho-pulmonaire. 

 

Reference

Impact of Low-Dose Computed Tomography Screening for Primary Lung Cancer on Subsequent Risk of Brain Metastasis.

Su CC, Wu JT, Neal JW, Popat RA, Kurian AW, Backhus LM, Nagpal S, Leung AN, Wakelee HA, Han SS.

J Thorac Oncol 2021; 16 : 1479-1489

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