Journal of Thoracic Oncology

Chirurgie ou radiothérapie stéréotaxique ? Encore une comparaison rétrospective

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
mai 2015

Radiothérapie / Radiofréquence, Chirurgie

Nous avons analysé en 4 ans sur ce site plusieurs articles comparant la chirurgie à la radiothérapie stéréotaxique (/chez-les-mutes-faut-il-poursuivre-lerlotinib-la-progression, /ramucirumab-carboplatine-et-paclitaxel-en-premiere-ligne-une-etude-ouverte-de-phase-ii, /antiangiogeniques-dans-les-cancers-bronchiques-petites-cellules-une-nouvelle-etude, /progression-sous-alk-inhibiteurs, /la-survenue-de-complications-post-operatoire-infectieuses-influence-la-survie-long.

En voici encore une, qui est une étude rétrospective monocentrique menée en Hollande dans la quelle le mode de recrutement des patients a été original : ce sont les patients présentant une tumeur classée par la TEP-FDG cT1-2aN0M0 de moins de 50 mm.

Au départ 1034 sujets ont été retenus dont 694 ont été exclus pour lésion bénigne, métastase, cancer à petites cellules ou stade non conforme.

Il restait finalement 143 sujets qui ont été opérés et 197 qui ont reçu une radiothérapie stéréotaxique.

Comme d’habitude dans ces études rétrospectives les patients n’avaient pas les mêmes caractéristiques dans les deux groupes : les opérés étaient de 10 ans plus jeune, avaient un meilleur PS, moins de comorbidités et une meilleure fonction respiratoire. De façon significative, plus de patients opérés avait une TEP-FDG négative sur la tumeur primitive. Nous reviendrons sur le diagnostic histologique.

Résultats

Avec une durée médiane de suivi de 61 mois, l’âge, le PS, les comorbidités, la taille de la tumeur, et le traitement ont été significativement prédictifs de survie en analyse univariée.

En revanche, en analyse multivariée l’effet significatif du traitement sur la survie globale disparaissait. Le HR de survie de la radiothérapie versus chirurgie était de  1,07 (95% CI = 0,74–1,54;  p  = 0,73).

Aucune  différence significativement non plus n’était notée concernant le taux de récidive métastatique.

Les récidives locorégionales (y compris ganglionnaires) étaient significativement plus fréquentes chez les patients traités par radiothérapie.

 

L’intérêt de cette étude est qu’elle compare deux populations à effectifs importants avec  un suivi prolongé. Elle doit  néanmoins être interprétée avec prudence du fait qu’elle est rétrospective et monocentrique et de son mode de recrutement basé sur la TEP-FDG.

Surtout, le point qui nous semble le plus important est que, si tous les patients opérés ont eu d’emblée ou lors de l’intervention une preuve histologique de leurs cancers, 154 (78%) des patients traités par radiothérapie n’en ont pas eu, ce qui est une proportion considérable.

Ceci introduit un biais important car, si on peut penser que dans une étude quelques malades, dont la ponction sous scanner est contre-indiquée, et traités par radiothérapie sans preuve, ne modifient pas les résultats, il paraît vraisemblable que sur les 154 malades concernés un certain nombre  n’avaient pas de cancer bronchique non à petites cellules. Et même s’il s’agissait bien de cancers bronchiques non à petites cellules, il n’est pas sûr non plus que les caractéristiques  histologiques (par exemple adénocarcinomes ou épidermoïdes) des deux populations soient les même.

Même si elle doit interprétée avec réserve, cette étude a au moins l’intérêt de montrer le bénéfice d’une analyse multivariée dans ces analyses rétrospectives  car, ici plus encore qu’ailleurs, les facteurs clinique des patients traités par radiothérapie sont toujours différents.

Reference

Patterns of Recurrence and Survival after Surgery or Stereotactic Radiotherapy for Early Stage NSCLC.

van den Berg LL, Klinkenberg TJ, Groen HJ, Widder J.

J Thorac Oncol 2015; 10 : 826-31

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