European Journal of Cancer

Dépistage scanographique du cancer broncho-pulmonaire : une méta-analyse française.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
juillet 2020

Dépistage

Parmi les études randomisées qui ont été réalisées dans le monde sur le dépistage du cancer broncho-pulmonaire par scanner faiblement dosé (LD) chez les fumeurs et anciens fumeurs, deux seulement, l’étude américaine NLST (cliquer ici) et l’étude européenne NELSON (cliquer ici) avaient des effectifs dépassant 15 000 sujets. Ces deux études ont l’une et l’autre été positives en démontrant une diminution significative de la mortalité par cancer broncho-pulmonaire (mortalité spécifique). A côté de ces deux études, 5 autres, l’étude italienne DANTE (cliquer ici), l’étude danoise DLST (cliquer ici) l ‘étude italienne ITALUNG (cliquer ici), l’étude italienne MILD (cliquer ici) et l’étude allemande LUSI (cliquer ici) ont comparé également le scanner LD à un bras contrôle mais avec des effectifs de 2450 à 4104 patients aucune n’avait la puissance suffisante pour cette comparaison. A ces 7 études s’ajoutent 2 études ne comportant qu’un seul scanner, l ‘étude française DEPISCAN (cliquer ici) et l’étude anglaise UKLS (cliquer ici)

Il était donc logique d’effectuer la méta-analyse de ces 7 premières études et ce sont les résultats d’une première méta-analyse effectuée par des radiologues et méthodologistes du CHU de Nimes  qui sont publiés ici. Les auteurs ont retenu ces 7 études à partir de 891 publications identifiées à partir des bases de données Medline et Cochrane Library database. Ces 7 essais randomisés ont en tout inclus 84 558 patients.  

La méta-analyse a permis de retenir :

  • Une réduction significative de la mortalité spécifique de 17% avec un RR à 0,83, (95% CI : 0,76-0-91).
  • Et une réduction relative de la mortalité globale de 4% avec un RR à 0,96, 95% CI : 0,92-1,00).

Pour prévenir un décès par cancer broncho-pulmonaire, il faut dépister 294 patients. 

L’originalité de cette étude est qu’elle inclut les données récentes obtenues avec un long suivi des études européennes. Il est en effet maintenant bien démontré qu’un long suivi jusqu’à 10 ans est extrêmement important car il n’est pas rare que des études publiées trop tôt avec un faible recul deviennent secondairement positives au terme d’un suivi prolongé (cliquer ici). De même on sait bien maintenant que le surdiagnostic est très surestimé lorsqu’on l’évalue trop tôt (cliquer ici)

Malgré l’hétérogénéité qui existe entre ces études (bras contrôles différents, espacements des scanners différents, tabagisme différent quant à sa durée est à sa quantité cumulée, âges des patients différents etc …), cette méta-analyse confirme sur une plus grande population les résultats déjà démontrés par les études NLST et NELSON. Il devient de plus en plus difficile de dire que l'intérêt du dépistage par scanner LD du cancer broncho-pulmonaire n'est pas prouvé. 

 

 

 

 

Reference

Systematic review and meta-analysis on the impact of lung cancer screening by low-dose computed tomography.

Sadate A, Occean BV, Beregi JP, Hamard A, Addala T, de Forges H, Fabbro-Peray P, Frandon J.

Eur J Cancer. 2020 Jul;134:107-114

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer